6 juin 1944

Retrouvez le discours de la Maire Lysiane Le Duc Drean et les photos de l'évènement

Mesdames, messieurs les élus,


Monsieur Harrison, représentant le Normandy Memorial Trust,


Messieurs Les représentants des anciens combattants,


Messieurs du Royal Tank Regiment Riders,


Monsieur Kenneth JOBSON, vétéran arrivé à Ver sur mer il y a 80 ans,


Mesdames, Messieurs,


La veille du débarquement, l’Europe est à l’agonie. Les gens ont dû mal à se procurer à manger, les institutions du pays sont inexistantes, les nouvelles circulent avec len-teur ou pas du tout. 

Dans la campagne normande, tant de fois rougie par les guerres fratricides, les chefs de la résistance française retiennent leur souffle. 

Les batailles de la propagande et de la désinformation font rage. Et, tout-à-coup, le 1er juin, sur les ondes de la BBC : « Les sanglots longs des violons de l’automne ». Le 5 juin, un second vers légèrement retouché par l’histoire, « bercent mon coeur d’une langueur monotone » 

Dans le silence de la nuit du 5 au 6 juin, que rompent les premières notes de la cornemuse de Piper Bill et le vrombissement des moteurs, le vent et la houle font vaciller sept mille pavillons de guerre, qu’escortent des milliers d’avions. Marins, soldats et pilotes voient se dessiner les côtes de l’autre rive, « the far shore », qui sera, pour certains, la destination de leur dernier voyage. 

Issue des quatre coins du monde, c’était la flotte du monde libre qui allait relever l’Europe. 

Lorsque ces héros posent le pied sur le sol français, minuit vient de sonner à l’église de Saint-Lô. Beaucoup sont pris au piège de la souricière nazie mais la 82e division parvient à prendre Sainte-Mère-Eglise. La Libération de l’Europe a commencé.

A Ver sur mer, ce sont les britanniques qui débarquèrent sur la plage rebaptisée Gold Beach. Au large de Ver-sur-Mer, le croiseur HMS Orion ouvre le feu sur la bat-terie du Montfleury. 

Aujourd’hui, tous ensemble, nous allons prendre le temps de penser au grand sacrifice réalisé par tous ceux qui sont venus se battre pour que la guerre finisse enfin.


Monsieur JOBSON et sa famille sont venus partagés ce moment. Kenneth JOBSON a fait partie des troupes britanniques qui sont arrivées sur notre plage et sa présence confère à ce moment un goût particulier. Mais, je ne vais pas vous retracer le débarquement et son histoire : je ne suis pas historienne et d’autres savent faire cela mieux que moi.


Je vais plutôt vous parler du village et ses habitants. Le village comprenait 451 maisons d’habitation dont 165 furent bombardées et 167 partiellement détruites En remontant l’avenue aujourd’hui appelée de la 50ème division britannique, Monsieur JOBSON et ses camarades ont traversé le village et sont passés devant chez Madame BOHER avenue de la libération. 

Gisèle BOHER a eu 17 ans le 6 juin 1944. Elle a entendu tôt ce matin-là un bruit épouvantable. Les engins motorisés arrivaient. Elle est sortie sur la route avec sa soeur et a acclamé ces hommes hagards. Ses parents sont rapidement venus les chercher pour leur demander de rentrer dans la maison. C’était trop dangereux. Les bombardements étaient intenses. 

Jules VIEL, que tout le monde appelait Rémi, habitait à la Marefontaine. Les chars qui sont passés ont arraché le mur avant de leur maison. Rémi et ses frères et soeurs qui dormaient au 1er étage, ont vu «leur maison s’ouvrir ». Et malgré toute l’angoisse, l’espoir est revenu. Et pendant ce temps, Madelaine, agricultrice avenue de la libération, partait très tôt le matin pour conduire ses bêtes au coteau. Un voisin est arrivé en vélo et lui a dit « Rentre Madelaine, les anglais arrivent ! » Quand Marcelle FAUCHIER DELAVIGNE, dont la famille habitait St Gabriel de Brécy, raconte dans ses mémoires tout l’espoir et toute la peur que l’arrivée des troupes alliées ont générés, nous ne pouvons qu’imaginer à quel point le débarquement de Normandie a marqué à tout jamais ceux qui y ont participé d’une façon ou d’une autre, une histoire que nous ne pouvons balayer d’un revers de la main pour passer à autre chose. 

La commémoration du 80ème anniversaire est une des dernières occasions de côtoyer vétérans et témoins. Nous pouvons faire de cette journée particulière l’occasion de jalonner le village, à pied, de lire les pupitres du chemin mémoriel, de nous rappeler en regardant la mer et d’imaginer l’armada au loin qui arrive. En 2004, pour la première fois un chancelier allemand, Gerhard Schröder participe, sous l'invitation du président Jacques Chirac, à la commémoration du 6 juin. Il salue, je le cite, "un geste noble et touchant, dont il est très reconnaissant, qui exprime le fait que la période de l'après-guerre est définitivement terminée".


Nous pouvons faire en sorte que cette phrase garde son sens pour que tout l’espoir né de ce débarquement et des sacrifices des jeunes soldats, hommes et femmes, soit et reste une source d’espérance pour que les peuples apprennent à vivre en paix.


Et, malgré l’actualité qui nous fait peine pour tous les conflits persistants, proches et lointains, nous allons faire de ce 6 juin 2024 un jour de fête, de reconnaissance et d’amitié.